Détection en cytométrie de flux de l'intégrité membranaire des lysosomes au niveau des cellules immunitaires de l'épinoche à trois épines, Gasterosteus sp. : applications en immunotoxicité environnementale
Abstract
Traditionnellement, la détermination de la stabilité lysosomale est utilisée dans le suivi de l'état de santé des organismes dans des études en biologie médicale et en écotoxicologie. Dans ce dernier domaine, une analyse en cytométrie de flux est proposée afin d'améliorer la rapidité et la sensibilité des tests existants en vue de leur application dans l'évaluation de l'état de santé des poissons. La mesure de l'intégrité membranaire des lysosomes (IML) est proposée chez l'épinoche à trois-épines, Gasterosteus aculeatus, poisson largement décrit en écotoxicologie environnementale. La méthode proposée s'appuie sur un marquage à l'acridine orange (AO). Des suspensions de leucocytes spléniques sont incubées durant 120 minutes avec de l'AO (test de différentes concentrations en AO de 0 à 33.2 µM). L'intensité moyenne de fluorescence émise dans le rouge (FL3 ; 620 nm) correspond alors à de fortes concentrations en AO présentes au niveau de lysosomes dont la membrane est intacte. En parallèle, les splénocytes sont traités avec de la L-Leucine-methyl-ester-hydrochloride (LLoMe) (de 25 à 500 µM). Cet agent chimique induit une rupture des membranes lysosomales et est utilisé comme contrôle positif. L'ensemble de ce protocole a permis le développement d'une méthode originale pour la détermination de l'intégrité membranaire des lysosomes dans les cellules immunitaires de l'épinoche. Un essai préliminaire a également été réalisé sur des populations d'épinoches capturées dans deux cours d'eau présentant une contamination chimique qualitativement et quantitativement différente. Suite à cet échantillonnage, une réduction de l'IML est constatée au niveau des poissons du site présentant le niveau de contamination le plus élevé. Suite à ces résultats encourageants, des études supplémentaires sont nécessaires afin de i) caractériser ce marqueur en intégration avec les différents facteurs physiologiques (taille, poids, sexe) et environnementaux (polluants, pathogènes) et ii) d'évaluer l'interaction potentielle de cette variable biologique lysosomale dans la réponse immunitaire et dans ses interactions avec les autres biomarqueurs d'état de santé des poissons.