Caractérisation de l’aléa "effondrement karstique" dans le Val d’Orléans (Loiret) et risque d’instabilité des digues de la Loire
Résumé
La vallée de la Loire est protégée contre les inondations par 650 km de digues reposant sur plusieurs mètres d’alluvions. Leur substratum est localement karstique, comme dans le Val d’Orléans (calcaires de Beauce). Dans ce secteur, 35 tronçons de digues se sont rompus lors des crues, entraînant des inondations catastrophiques. Parmi les aléas de rupture de digues, la récente étude de dangers a identifié l’aléa « effondrement karstique » sans toutefois pouvoir le caractériser. En France, la Loire est d’ailleurs le premier cours d’eau pour lequel une demande de caractérisation de cet aléa a été formulée alors que les terrains potentiellement karstifiables intéressent 30% du territoire (notamment les bassins Seine- Normandie, Artois-Picardie et Rhône-Méditerranée et Corse). Dans le Val d’Orléans, parmi les 580 fontis répertoriés, certains ont affecté des digues mais aussi des infrastructures routières ou des bâtiments. On soupçonne le rôle du karst dans l’apparition de certains d’entre eux ainsi que dans d’autres types de désordres survenus aux digues (abaissement de la ligne de crête). Les mécanismes invoqués sont tantôt un effondrement brutal (effondrement du toit d’une cavité karstique, débourrage d’un conduit subvertical), tantôt un affaissement lent (suffosion). Le travail présenté porte sur l’analyse statistique des fontis en vue de la caractérisation des aléas « effondrement karstique » et « affaissement karstique » en termes d’intensité et de probabilité. L’intensité a été reliée au diamètre des fontis ainsi qu’à leur profondeur mais la probabilité n’a pas pu être quantifiée du fait du peu de recensements au cours du temps. Elle a donc été remplacée par la prédisposition des terrains à l’apparition de fontis. Plusieurs paramètres de prédisposition ont alors été étudiés : distance à la Loire, épaisseur d’alluvions, nature des alluvions, présence de fontis proches, etc. Les résultats montrent que tous ces paramètres semblent avoir une influence plus ou moins forte sur l’occurrence des fontis.