Influence des émissions liées au trafic ferry sur les teneurs en NOx, SO2 et en particules dans l'air dans un port majeur du Nord de la France
Abstract
Dans le Nord de la France où sont recensés les premiers ports nationaux ou d'Europe pour la pêche, le transport de voyageurs et le fret, ou plus généralement dans les régions côtières, les activités reliées au trafic maritime jouent un rôle essentiel pour le développement économique. Maillon essentiel pour les échanges commerciaux, le trafic maritime suscite néanmoins des inquiétudes de la part de la communauté scientifique, tant son potentiel impact sur la qualité de l'air est énorme. A l'échelle de la planète, les navires sont connus pour émettre des quantités colossales d'oxydes d'azote (5-7 Tg/an), d'oxyde de soufre (4,7-6,5 Tg/an), de particules (1,2-1,6 Tg/an) et contribuer à 3,3% des émissions de CO2 [1,2]. Même si les émissions des bateaux à l'intérieur des ports contribuent peu à ce bilan global [3], elles peuvent néanmoins avoir un impact sur la qualité de l'air à l'échelle locale. C'est dans ce contexte que s'inscrit ce travail qui vise à étudier l'impact des émissions des bateaux sur la qualité de l'air dans le 1er port de voyageurs d'Europe. Une campagne de mesures a été réalisée dans le port de Calais entre février et avril 2014, en utilisant des analyseurs de SO2, NOx et PM10. En parallèle, la distribution granulométrique (0,030μm–10μm) des particules atmosphériques était enregistrée en continu. Nous avons montré un impact important des émissions des bateaux sur les concentrations en NOx et SO2 avec 70% du SO2 et 51% du NO et 19% du NO2 dans l'atmosphère de Calais. Concernant les PM10 l'impact moyen sur la période a été estimé à 3%, avec toutefois un impact moyen de +25 μg/m3 lorsque les vents soufflent depuis les bateaux. Sous les même conditions, nous avons observé que le nombre de particules augmente d'un facteur 10, avec un effet marqué pour les gammes 30-60 nm et 110-170 nm.