Faut-il recycler des plastiques contenant des additifs présentant des risques sanitaires ? Une illustration avec le cas du PVC et du DEHP - Ineris - Institut national de l'environnement industriel et des risques Accéder directement au contenu
Communication Dans Un Congrès Année : 2016

Faut-il recycler des plastiques contenant des additifs présentant des risques sanitaires ? Une illustration avec le cas du PVC et du DEHP

Résumé

Le recyclage des matériaux permet de promouvoir l'économie circulaire, l'efficacité de l’usage des ressources et la sobriété énergétique. Cependant, il soulève des questions en ce qui concerne les risques potentiels pour la santé humaine et l'environnement lorsque des additifs de matières dangereuses sont également recyclés, qui autrement auraient été remplacés par des produits chimiques moins dangereux dans de nouveaux matériaux vierges. Une question ouverte est le bilan global des risques et des avantages du recyclage de tels matériaux, à savoir d’une part les risques pour les travailleurs exposés à des produits chimiques dangereux pendant les opérations de recyclage, ou les consommateurs par le biais de l'utilisation des articles recyclés, et d’autre part les avantages en-vironnementaux et énergétiques apportés par le recyclage. Cette préoccupation est particulièrement pertinente pour les plastiques, en ce qui concerne leurs additifs chimiques. Plusieurs additifs de matières plastiques, des per-turbateurs endocriniens suspectés ou confirmés, tels que le DEHP, un phtalate, sont largement utilisés comme plastifiant du PVC. Actuellement en voie d’être délaissé dans l'UE pour le PVC vierge, le DEHP a été largement utilisé dans le passé, et est par contre toujours présent dans les articles en PVC qui sont recyclés. Mais si le PVC vierge est plastifié avec des alternatives au DEHP moins dangereuses, il reste fabriqué avec des ressources non renouvelables fossiles, et éliminé à la fin de sa durée de vie, à des coûts environnementaux élevés, en termes d’émissions de polluants et de gaz à effet de serre. Une première recherche bibliographique a montré que, si les impacts environnementaux ou en termes de gaz à effet de serre du recyclage de plastiques ont été souvent étu-diés, il existe très peu de recherches comparant plastiques vierges et recyclés, en prenant en compte les risques sanitaires et environnementaux des additifs. Dans cette étude, nous comparons un PVC vierge sans DEHP, avec un PVC recyclé contenant du DEHP, et nous incluons autant que possible tous les impacts environnementaux et les risques chimiques dans l'analyse. Pour évaluer les impacts sur l'environnement et la santé causés par les émis-sions de polluants atmosphériques pendant la fabrication et le recyclage du PVC, nous avons utilisé et adapté des études d'analyse du cycle de vie existantes. Aucune ACV publiée n’a été trouvée pour l'impact des émissions sur les milieux aquatiques. Pour tenir compte de l'impact sur la santé des émissions de DEHP pour le PVC recyclé, nous avons utilisé une évaluation de l’impact sanitaire réalisée dans le cadre du règlement REACH de l'UE. Une limite de cette étude est que seuls les effets reprotoxiques du DEHP sont considérés, et les impacts sanitaires po-tentiels liés au caractère perturbateur endocrinien n’y sont pas pris en compte. Nous supposons aussi que les risques pour la santé et l'environnement du nouveau plastifiant utilisé en remplacement du DEHP pour le nouveau PVC vierge sont négligeables, et que le PVC vierge est incinéré en fin de vie. Les impacts environnementaux, les impacts climatiques, les impacts sur la santé sont d'une nature différente (en termes de cadre temporel, de cibles et d’effets), et afin de saisir l'impact global des matériaux, nous utilisons l'analyse économique pour monétiser et « additionner » ces différents impacts. Pour calculer le coût des impacts sanitaires du DEHP, nous utilisons l'étude REACH précitée, dans laquelle les impacts sanitaires sont monétisés, pour obtenir une estimation en € / (t DEHP utilisé). Pour les dommages causés par les polluants atmosphériques et les émissions de GES, nous utilisons les coûts externes en € / (en t de polluant ou GES émis) publiés par CE DELFT en 2010 l’Agence Européenne de l’En-vironnement en 2011. Nous concluons qu'il y a un avantage significatif global au recyclage de PVC, même en tenant compte des effets sur la santé négatifs du DEHP ainsi indirectement recyclé. En termes de dommages monétarisés, le DEHP repré-sente une très faible fraction des coûts externes du PVC recyclé. Ces coûts externes liés au DEHP du PVC recyclé apparaissent également négligeables par rapport aux coûts externes totaux du PVC vierge. Cette conclusion a été confirmée par différents scénarios de sensibilité que nous avons menés. Toutefois, l'étude ne prend pas en compte le caractère perturbateur endocrinien du DEHP, et les impacts potentiels associés sur la santé et l’environnement. Elle ne tient pas compte des éventuels risques d'alternatives au DEHP, supposés négligeables. Nous soulignons également le besoin et d’étendre ce type d’études, et qu'une comparaison plus complète et robuste entre PVC vierge et recyclé devrait tenir compte des autres additifs que ce seul plastifiant, et quantifier les risques liés à des alternatives précisément identifiées.
Fichier non déposé

Dates et versions

ineris-01854264 , version 1 (06-08-2018)

Identifiants

  • HAL Id : ineris-01854264 , version 1

Citer

Jean-Marc Brignon. Faut-il recycler des plastiques contenant des additifs présentant des risques sanitaires ? Une illustration avec le cas du PVC et du DEHP. Colloque ARET 2016 "Plastiques: quels enjeux pour demain ? Pollution physico-chimique et impacts environnementaux et sanitaires", Jun 2016, Valence, France. pp.55. ⟨ineris-01854264⟩

Collections

INERIS
260 Consultations
0 Téléchargements

Partager

Gmail Facebook X LinkedIn More